Le potentiel hydrogéologique de la Guyane, ainsi que la structure et le fonctionnement des masses d’eaux souterraines, sont étroitement liés à la géologie du district. La Guyane française fait partie du vaste bouclier guyanais, s’étendant sur la partie nord-amazonienne du Brésil, la partie Est de la Colombie et du Venezuela, ainsi que sur le Guyana, le Suriname. En Guyane, 85% de la surface est formée de roches de socle cristallin, fissuré et fracturé, et seulement 15% de dépôts sédimentaires, poreux, essentiellement le long du littoral.
Le croisement des informations disponibles relatives aux nappes de Guyane et les données sur la géologie a conduit à délimiter douze masses d’eau souterraines en 2003, dont on distingue deux catégories : les formations sédimentaires et les formations du socle.
Le BRGM a procédé à une analyse critique de ce découpage des eaux souterraines, après 10 ans d'utilisation. Compte tenu que ce premier découpage était plus ou moins arbitraire, de la faible évolution des connaissances permettant un découpage plus fin, et que les pressions exercées sur les masses d'eau sont relativement homogènes par type de masse d'eau, le BRGM a proposé des regroupements de masses d'eau. Le nouveau découpage des eaux souterraines comprend donc uniquement deux masses d'eau, une pour chaque type de formation.
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Formations sédimentaires
Les formations géologiques sédimentaires constituent une succession de nappes aquifères d’extension modérée. On distingue deux ensembles géologiques :
- Les séries Démérara-Coswine et série Détritique de Base sont des aquifères multicouches, localement captifs, et en relation possible avec le biseau salé souterrain.
- La série des sables blancs est .présente dans la partie Nord-Ouest de la Guyane
Ces réservoirs d’eau souterraine sont, pour l’essentiel, rechargés par les précipitations directes et la nappe est située à proximité de la surface du sol (1 à 3 m de profondeur selon les saisons). Ceci a pour conséquence de rendre ce type de masse d’eau relativement vulnérable à tout type de polluant pouvant être répandu à la surface du sol.
Formations de socle
Au cours du temps, les formations de socle ont subi (et subissent toujours) des processus d'altération météorique, qui sont liés à l'infiltration d'eau de pluie, et qui ont pour effet de développer une couverture meuble (altérites) par désagrégation géochimique de la roche mère. Sous cette couverture meuble, l'altération météorique développe une fissuration qui permet le drainage des formations meubles.
Ces processus conduisent à l'établissement d'un profil vertical d'altération qui peut se décomposer en différents horizons, du plus ancien au plus récent lorsqu’on progresse du haut vers le bas de la formation :
- Cuirasse latéritique (0 à quelques mètres), cet horizon sommital du profil d'altération est présent en Guyane ;
- L'horizon meuble est constitué par les altérites (ou saprolite) ;
- L'horizon fissuré est caractérisé par une forte fissuration, dont l'intensité décroît avec la profondeur. Elle résulte de l'éclatement de la roche sous l'effet des contraintes générées par les changements de phase minéralogique ;
- La roche saine, compacte, peut être parcourue de fractures profondes, le plus souvent d'origine tectonique. Ces fractures profondes constituent des chemins privilégiés pour l'infiltration d'eau météorique, et favorisent donc le développement du profil d'altération en profondeur et perpendiculairement à leurs épontes.
Dans ce type de configuration la présence d’un horizon fissuré bien développé et/ou de fractures profondes peuvent constituer des cibles pour l’implantation de forages d’eau. Ceux-ci présentent l’avantage d’une protection naturelle plus efficace que celle des aquifères des terrains sédimentaires de la frange côtière, de par l’épaisseur et la teneur en argiles de l’horizon meuble sus-jacent.